On désigne par « alpage » les fermes et pâturages d’altitude. De la mi-mai à l’automne, les fermiers et leurs troupeaux « emmontagnent », c’est-à-dire qu’ils déménagent à l’alpage. Sur ces pâturages de haute altitude, l’herbe est riche et parfumée des fleurs de montagne. Les producteurs fermiers fabriquent alors les fromages sur place dans des ateliers aux normes sanitaires identiques à leurs ateliers du bas.
93700 éleveurs utilisent ces alpages, soit à titre individuel, soit à titre collectif en confiant leurs animaux en pension, généralement à des groupements pastoraux.
Le maintien du système agropastoral ancestral qui préserve l’équilibre entre les sièges d’exploitation et les alpages est essentiel à l’agriculture des Savoie.
Depuis près de 20 ans, un groupement pastoral commun aux deux départements rassemble 65 éleveurs (Savoyards, Hauts-Savoyards et Isérois) pour l’organisation de la transhumance hivernale de génisses vers l’Ardèche et le Var. Il permet l’hivernage de 600 génisses dans les pare-feu du Var et contribue ainsi à la défense des forêts contre les incendies…
On dénombre 220 à 250 bergers salariés, en majorité en Savoie. Il convient d’ajouter à ce chiffre 25 à 30 fromagers d’alpages laitiers collectifs.
Par ailleurs, les bergers constituent un maillon important de l’opération « Un berger dans mon école » initiée par les Sociétés d’Économie Alpestre des deux départements savoyards.
Les bovins sont présents dans tous les massifs, les alpages savoyards sont des alpages laitiers avant tout. On dénombre ainsi 23000 vaches laitières surtout de races Abondance et Tarine, races fétiches et « tout terrain » des Pays de Savoie.
Le nombre des laitières en alpage est en légère augmentation depuis 10 ans alors que, dans le même temps le cheptel bovin des deux départements savoyards a régressé. Un cas unique pour l’ensemble de la montagne dû pour partie à l’organisation de nos productions fromagères sous label de qualité et à la force de l’image des Alpages dans l’esprit des consommateurs.
32000 autres bovins (génisses, vaches allaitantes, animaux de boucherie) parcourent également les alpages ainsi que 160000 ovins dont 100000 sont issus de la grande transhumance en provenance du sud de la France. Et puis, on peut rencontrer également 11000 chèvres laitières, chiffre en nette augmentation ces dernières années ainsi que 900 chevaux, principalement en Haute-Savoie.
Autre fait exceptionnel au niveau national, on compte dans les alpages des Pays de Savoie 300 ateliers de fabrication fermière saisonnière avec 6 fromages sous signes de qualité : Reblochon, Beaufort, Tomme, Abondance, Tome des Bauges, Chevrotin,… ainsi qu’un label « Agneau d’Alpage« .
Au fil des siècles, les éleveurs de montagne ont façonné des paysages, inventé des modes d’exploitation durables et ont constitué des réserves de biodiversité incontestables.
Au-dessous de 1700 mètres en effet, c’est le royaume de l’arbre et les alpages ont, en fait, été conquis, « essartés », sur le domaine forestier. Lorsque la « force de tonte » des animaux diminue ou disparaît la forêt reprend naturellement ses droits.
Cet équilibre écologique et paysager entre pâture et forêt est une conséquence directe des pratiques séculaires de l’agropastoralisme et du pacte ancien qui lie, en montagne, l’homme, l’herbe et l’animal.
Les éleveurs sont les gardiens de ce pacte vis-à-vis de la société. A ce titre, ils souhaitent pouvoir vivre de leur activité et être soutenus dans leurs pratiques.